À l’Est de la République Démocratique du Congo, dans les quartiers animés de Bukavu, une force discrète transforme les épreuves en occasions d’unité. Alors que l’insécurité et les tensions humanitaires assombrissent le quotidien, des familles, des jeunes et des institutions bahá’íes s’engagent pour maintenir l’éducation et renforcer les liens communautaires.
Privées d’accès régulier à l’école en raison de la crise, plusieurs familles ont pris une initiative courageuse : transformer leur maison en centre d’apprentissage de bonne fortune.
À Kadutu, une famille accueille 12 enfants — 11 d’entre eux sont issus de familles amies de la foi bahá’íe, un autre d’une famille bahá’íe. À Route d’Uvira, trois jeunes filles animent chaque jour des classes pour plus de 40 enfants, mêlant contenus scientifiques et moraux.
L’une d’elles, Francine Kahanda, affirme :
« Malgré la crise sécuritaire et humanitaire, je me sens portée par cette parole :
‘L’enfant est une mine riche en matières précieuses dont seule l’éducation peut libérer le potentiel.’ »
Dans le quartier Bizimana, une réunion de réflexion a donné naissance à cinq cercles d’étude autour du programme éducatif bahá’í. Animés par des familles engagées et soutenus par des animateurs expérimentés, ces cercles permettent un apprentissage collaboratif, même en temps de crise.
Joseph, animateur local, partage :
« Plus nous apprenons ensemble, plus nous diffusons la joie et la protection dans nos familles, sans distinction. »
L’engagement éducatif s’accompagne d’un profond esprit de service. Au quartier Route d’Uvira, des familles ont uni leurs efforts avec les autorités locales pour organiser une distribution de biens de première nécessité à 28 personnes âgées.
Maman Pascaline, bénéficiaire, témoigne :
« La foi est une connaissance consciente exprimée dans l’action. Cette générosité, sans préjugé de tribu, de religion ni de sexe, me touche profondément. »
Au quartier Feu Rouge, une autre famille mène des visites régulières aux voisins, partageant des ressources, étudiant ensemble les écrits sur l’éducation des enfants, et renforçant l’unité spirituelle du quartier.
L’Assemblée spirituelle locale bahá’íe de Bukavu s’illustre par son rôle actif. Comme le rappelle l’Ingénieur Sharaf Abumba, élu de cette institution :
« C’est l’organe qui gère les affaires de la communauté et reste son refuge. »
Face aux défis, l’Assemblée a adopté une stratégie de décentralisation, en organisant des rencontres de quartier et des réunions familiales. Résultat : une participation élargie et un sentiment renforcé d’appartenance.
En collaboration avec l’école Kama’l, des cercles d’étude et classes pour enfants sont également organisés, garantissant des espaces d’apprentissage sûrs et stimulants
Derrière chaque action, un principe moteur : renforcer les capacités des individus capables de servir leur communauté. L’éducation spirituelle, intellectuelle et sociale devient ici un catalyseur du changement collectif.
Les enfants apprennent, les jeunes animent, les familles partagent. Et tous participent à forger une conscience plus claire de l’unité humaine, fondement d’une société juste et pacifique
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À Bukavu, malgré les troubles, les communautés montrent qu’une autre voie est possible. Une voie où l’éducation devient lumière, où le service devient pont, et où chaque foyer peut devenir un phare d’espérance.
Ce récit n’est pas celui d’un miracle isolé. C’est celui d’un effort quotidien, d’une volonté partagée, et d’un idéal incarné. Il nous rappelle que lorsque l’éducation se met au service de l’humanité, même les zones d’ombre peuvent être illuminées.